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L’ancien ministre et expert en économie, Mohsen Hassan, a affirmé que la réforme du cadre législatif régissant l’investissement est primordiale, notamment dans le contexte actuel où la Tunisie doit créer les conditions nécessaires pour relancer l’investissement.
Dans une interview accordée à Express Fm, Mohsen Hassan a mis en lumière la faiblesse de l’investissement en 2024, qui n’a pas dépassé 15 % du produit intérieur brut. Cette situation résulte de multiples facteurs, tant internes qu’externes. Il prévoit que la réforme attendue se concentrera sur cinq axes principaux, dont la simplification des procédures administratives, la suppression des autorisations et le renforcement de la numérisation. Le gouvernement, selon lui, doit agir rapidement dans ce domaine.
« La liberté d’investir doit être la règle, et l’autorisation l’exception », a-t-il déclaré, tout en rappelant que la décision d’abolir les autorisations et de les remplacer par des cahiers des charges est une initiative ancienne, mais sa mise en œuvre reste lente.
Mohsen Hassan a aussi insisté sur la nécessité d’accélérer la transition vers la digitalisation, car les démarches actuelles pour la création d’entreprise découragent les investisseurs. Selon lui, les compétences tunisiennes ont la capacité de développer les plateformes numériques nécessaires, à condition qu’elles soient encouragées à le faire.
Un autre point clé de la réforme concerne la dispersion des structures d’appui à l’investissement. Mohsen Hassan préconise leur regroupement sous un guichet unique, avec l’espoir que le gouvernement actuel fasse preuve de la volonté politique nécessaire pour intégrer toutes les structures liées aux investissements et aux secteurs concernés. Toutefois, il a souligné que cette fusion devra être soigneusement étudiée, idéalement en collaboration avec un cabinet de conseil, car le processus est complexe et nécessitera du temps.
Sur un autre plan, il a insisté sur l’importance de restaurer la confiance entre les acteurs économiques pour stimuler les investissements privés et étrangers. Il estime qu’en l’absence d’une vision économique claire et de réformes des politiques publiques et sectorielles, la réforme restera inefficace.
Mohsen Hassan a également mis l’accent sur l’importance d’améliorer la position de la Tunisie dans les classements internationaux afin d’attirer les investissements, notamment dans les secteurs à forte valeur ajoutée.
Par ailleurs, il a déploré l’absence de tribunaux commerciaux spécialisés, soulignant que les litiges commerciaux sont nombreux et que les procédures judiciaires restent longues.
L’expert a aussi pointé le niveau élevé et l’instabilité de la pression fiscale, des facteurs qui dissuadent les investisseurs. Il appelle à un allégement de cette pression et à une plus grande stabilité fiscale.
En ce qui concerne le secteur financier, Mohsen Hassan a souligné que le système bancaire tunisien ne soutient pas suffisamment l’investissement, préférant prêter à l’État plutôt qu’aux entreprises et aux particuliers. Il a insisté sur la nécessité de réformer le secteur bancaire pour améliorer le climat des affaires, en développant de nouveaux mécanismes de financement pour l’économie, en particulier en ce qui concerne le financement du capital. Cela nécessite notamment une révision du code des changes, le développement des sociétés de capital-risque, l’élargissement des fonds d’investissement et la facilitation des introductions en bourse.
Mohsen Hassan a également souligné l’importance d’étudier les pratiques des pays voisins. Il a estimé que le Centre de promotion des exportations (CEPEX) utilise encore des mécanismes traditionnels pour encourager les exportations, alors que de nouveaux marchés doivent être abordés avec des incitations et des avantages financiers et fiscaux. Il a insisté sur le rôle de l’État dans l’organisation des foires et expositions, tant à l’intérieur du pays qu’à l’international.
Finalement et non moins important, Mohsen Hassan a affirmé que la promotion de l’investissement doit débuter avant même la phase de production, en renforçant la compétitivité du produit tunisien, en soutenant le secteur du transport et en investissant dans la logistique.